Le marché de l'art: l'effervescence des effets de réputation

Abstract

Cela peut surprendre, mais il arrive que le prix d’une même œuvre, à quelques mois d’intervalle, varie de façon importante d’une galerie à une maison de vente aux enchères pour y être bien plus élevé. L’argument répandu est qu’une enchère, notamment la version ascendante, crée une forme d’émulation aux conséquences inoationnistes. Il s' agit pourtant là d’une compréhension erronée de la multiplicité du marché de l’art, mais aussi des enchères, mécanismes de marché simples et transparents, qui donnent l’opportunité à chacun de révéler sa disposition monétaire pour satisfaire une envie. L’explication est ailleurs. À travers leurs achats, les amateurs d’art et autres collectionneurs tendent à satisfaire des besoins qui structurent l’offre et qui, selon le mécanisme de vente utilisé, les incitent à se diriger vers une plateforme particulière. Dans une galerie, le prix afnché est le seul reoet monétaire de la valeur artistique, conséquence d’un mécanisme de marché élémentaire, lieu de rencontre d’une offre et une demande. Jusqu’ici tout va bien, Adam Smith (https://fr. wikipedia. org/wiki/Adam_Smith) et sa pensée survivent au marché de l’art: les galeristes satisfont les collectionneurs, pour certains investisseurs, pour d’autres insatiablespassionnés. Cela serait oublier les effets de réputation, parfois bien involontaires, conséquents à l’acquisition et au mode de mise en vente d’une œuvre. L’achat peut devenir une mise en scène, celle d’un collectionneur, d’un exégète de l’art, où l’intérêt porté y est tout autre, résumé par la seule volonté de se signaler et d’en retirer un bénénce bien éloigné de quelconques considérations artistiques.

Publication
La Recherche (2019), 17
Tom Truyts
Tom Truyts
Professor of Public Economics

Related